Lorsque, missionné par le Président, je partis en Guyane, une région du monde que j'avais bien connue et appréciée quelques années auparavant, en tant que coopérant,

je pensais n'y demeurer que le temps de la durée de la Conférence Internationale sur l'Orpaillage Clandestin qui se déroulait à Paramaribo et le temps de faire quelques civilités protocolaires en Guyane française.

 Je ne m'imaginais pas m'investir à ce degré, en temps et en passion.

 La rencontre avec les Amérindiens a bouleversé mes dernières certitudes ou a priori que l'âge et l'expérience n'avaient pas encore tout à fait ébranlé.

 Les Amérindiens ! Cet ethnonyme, vous le savez, a été inventé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint le sous-continent indien lorsqu’il débarqua en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens nommeront brièvement ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles qui sont dites orientales. Celles que je visiterais pour la première fois à la suite de ce voyage aux Amériques.

 Ce fut un voyage exemplaire que tout homme devrait faire au moins une fois dans sa vie comme les croyants en font à Rome, La Mecque, Jérusalem ou sur les rives du Gangeà Bénarès, la ville sainte de Shiva.

Ayant perdu la foi qui m'avait été inculquée à la naissance, j'ai communié avec ces hommes authentiques comme je ne l'avais jamais fait jusqu'alors avec personne, ni aucun Dieu.

 Tout au long de ce séjour de plusieurs mois, j'ai rencontré des hommes et femmes pas encore pollués par l'argent, la publicité, la surinformation et le mercantilisme qui font loi dans nos contrées dites civilisées. Le plaisir que j'y ai trouvé est sans aucune mesure, car il s'apparente à la nature pure des racines de tout homme auxquelles nos civilisations de progrès nous ont peu à peu détaché.

 J'ai mis toute mon ardeur à les aider à reconquérir les terres de leurs ancêtres, toute mon énergie à retrouver la quiétude de leur vie au cœur de la forêt, la "Madre", leur mère, qui leur apporte l'harmonie essentielle à leur bonheur. Je me suis armé de patience pour faire fi de ma vie passée et me mettre à leur écoute. Ils m'ont donné leur amitié et quel que soit mon avenir, ils resteront mes amis à tout jamais.

 Faire de la Guyane l'éden de l'écologie dans cette partie du monde fut un puissant moteur. Le pays s'y prête, mieux encore que le Costa Rica1, car 96% des 86.500 km2 de lasuperficie de son territoire est recouvert de forêts primaires parmi les plus belles, les plus riches en matière de biodiversité tant animale que végétale et les moins écologiquement fragmentées du monde…

4% seulement ont été "abîmées" par l'homme.

Le projet de Loi Grenelle II  a proposé en 2009, et sous réserve de modification, la création d’une entité unique chargée pour la Guyane de contribuer à la mise en œuvre des politiques de connaissance et de conservation du patrimoine naturel amazonien. Cette entité aura compétence dans les domaines de la faune, flore, des habitats naturels et semi naturels terrestres, fluviaux et côtiers, et sur le fonctionnement des écosystèmes. Je crois qu'elle recevra l'aval de mes amis Kaïlawa, Elena et autres Amérindiens Wayanas.

J'aime à penser que mon rapport de mission remis au Président a concouru à ces prises de position. Il a dû aider à appliquer les politiques environnementales conduites par l’État et les collectivités territoriales et leurs groupements. Le projet de loi prévoit aussi un « schéma départemental d’orientation minière » pour la Guyane, promouvant une exploitation minière compatible avec les exigences de préservation de l’environnement.

1) Le Costa Rica possède une flore et une faune exceptionnelles, puisque 5 % de la biodiversité mondiale s'y trouve (pour un pays qui ne représente que 0,03 % des surfaces émergées). 1,3 % de la faune est endémique du pays. En 2007, l'Instituto Nacional de Biodiversidad considérait que 160 nouvelles espèces étaient découvertes chaque année au Costa Rica. Plus de 25 % du territoire est occupé par des parcs nationaux (26) et des réserves. Le contexte politique du pays, ainsi que son succès dans le domaine du tourisme, contribuent à préserver cette biodiversité.Depuis 1959, le Costa Rica est un pays neutre et est devenu la première nation du monde à avoir constitutionnellement supprimé son armée. Dès lors, le pays se distingue en Amérique Centrale par son modèle de développement donnant la priorité à l'éducation, à la santé et à la protection de l'environnement.